Et si on commençait par se parler ?!

(Pour mettre fin au dérèglement démocratique)
Pérou, Iran, Proche orient, Turquie, Tunisie, Royaume uni, France,.. La colère gronde et se répand.
De plus en plus de pays sont pris dans la tourmente sociale… la Chine devant pour beaucoup son calme relatif à un système répressif bien rodé et à un relâchement opportun de sa doctrine sanitaire.
Un peu partout, des populations qui n’en peuvent plus de se sentir trahies, méprisées, maltraitées, voire martyrisés.
- « How pandemics lead to economic despair and social unrest » FMI, dec 2020
Où tout cela peut-il nous mener ?
Se joue actuellement une course de fond entre 2 plaques sociales tectoniques :
- Les « révoltés » qui ne supportent plus cette maltraitance démocratique et écologique, qui considèrent qu’il ne sert à rien de discuter avec les élites dirigeantes et revendiquent l’action musclée pour leur faire entendre raison
- Les « égoïstes » (et les « psychotés ») prêts à défendre les systèmes en place pour préserver leur intérêt personnel ou en tout cas s’éviter des ennuis
Pour exciter ces 2 groupes, gouvernements et agitateurs de tous poils n’hésitent pas à jouer sur les peurs (le grand remplacement, la chienlit, les black blocs, l’islamo gauchisme, le terrorisme vert, le désordre, ..)
Au milieu de cet affrontement, une majorité d’individus (le marais girondin de 1791 ?) qui n’a toujours pas choisi son camp mais qui est la cible d’une guerre de recrutement à force de communication :
- D’un côté, les dirigeants qui peuvent s’appuyer sur les médias qu’ils contrôlent (directement ou via quelques milliardaires « friends») pour stigmatiser, ridiculiser et diaboliser les oppositions
- De l’autre, les contestataires qui s’appuient sur les réseaux sociaux et leur voisinage immédiat
Dans nombre de pays, il suffit d’une allumette (violence policière, tremblement de terre, canicule, la réforme de trop) pour que la société s’enflamme.
Devant nous donc, la menace d’une valse à deux temps :
- Dans un premier temps, la montée des conflits avec le risque de paralysie institutionnelle et économique encore une fois sur un fond d’urgence climatique.
- Puis, face à la montée du chaos mais surtout pour se maintenir en place et mater les oppositions, les gouvernements les moins suspects d’autoritarisme risquent d’opter pour un durcissement démocratique (censure des médias, répression, limitation du droit de grève et du droit d’expression, surveillance et traçabilité permanente des comportements, arrestations préventives.. ). Certains n’hésitent déjà pas à sur-jouer la menace d’agression externe (invasion migratoire, guerre, pandémie,..) pour faire taire les oppositions. Le régime russe a pris le plus d’avance en la matière.
Les contours d’un régime porteur d’avenir
Pour nous éviter le cauchemar de « 1984 » (ouvrage visionnaire de George Orwell), il est urgent de revitaliser nos démocraties et le dialogue social.
En France, les pistes ne manquent pas :
- Changer ou modifier la constitution afin de dé présidentialiser
- Mettre en place une forte dose de proportionnelle et de parlementarisme
- Mettre en place le RIC et ne pas avoir peur d’organiser des référendums précédés de débats citoyens authentiques et éclairés
- Mettre en place des chambres citoyennes (ou conseils citoyens) pour inspirer et stimuler les institutions et les politiques publiques
- Renforcer l’effort de décentralisation
- Instaurer le droit de vote à 16 ans
- Rendre le vote obligatoire
- Opter pour la technique du vote pondéré
- Prendre en compte le vote blanc
- Permettre le vote électronique à distance
- Regrouper les scrutins électoraux
En attendant Godot (une pensée reconnaissante pour Samuel Beckett) : Les monarques s’accrochant jusqu’au bout au pouvoir (n’est pas De gaulle qui veut), on peut considérer qu’à l’échelle nationale, le virage démocratique (et écologique) n’aura pas lieu d’ici 2027
Et pourtant, à part quelques démiurges qui rêvent de se propulser sur mars (grand bien leur fasse), nous -gens du commun- ne pouvons pas rester passifs face à cette crise démocratique et écologique.
Alors, que peut-on faire à l’échelle locale sans attendre 2027 ?
Sachant que :
- Les défis climatiques et démocratiques sont intimement liés et ne peuvent être traités séparément (à moins d’opter pour une dictature verte
- Les initiatives individuelles (type colibris) ne suffiront pas à relever ce double défi
- Notre président freine (*) plus qu’il n’encourage les progrès en ces domaines et que les institutions semblent paralysées.
(*) Le grand débat monologué, la convention citoyenne pour le climat, l’usage immodéré du 49.3 et des procédures accélérées, l’aversion pour le RIC et le référendum, la stigmatisation des Amish, des gaulois réfractaires, ..
C’est à l’échelle des collectivités locales qu’il est utile et urgent d’agir.
A ce titre, rappelons que les élus locaux sont dans leur immense majorité des femmes et des hommes de la vraie vie (pas de jets privés, d’amis milliardaires, d’experts en communication,…). Au quotidien et en tant que citoyens, ils peuvent témoigner de l’impact de politiques publiques hors sol et déshumanisées.
Que peuvent faire les collectivités locales ?
Déployer une ingénierie sociale et démocratique permettant d’engager leur territoire sur une trajectoire porteuse de sens face aux périls à venir.
Avec deux objectifs complémentaires :
- Rétablir la communication, retisser le lien social
- Créer, mettre en place des espaces de rencontre. Les tiers-lieux pourraient proposer davantage de débats thématiques à partir d’un ouvrage, d’un témoignage, d’un film, d’un évènement, .. Autant d’opportunités pour favoriser le dialogue dans une ambiance apaisante
- Faire la fête, organiser des évènements de pure convivialité. Cela peut sembler ridicule mais le festif permet souvent de rapprocher
- Libérer la parole (le pire pour la santé étant de ruminer ses griefs, mettre des mots sur ce que nous vivons)
- Ramener à l’essentiel, au vital, à l’existentiel Ces cinquante dernières années, tout a été fait pour nous éviter de penser en dehors du bocal consommateur. Il s’agit de passer du “Travaille, consomme et tais toi” au “respire, pense et propose”
- Apporter une vision globale et finalisée des défis à relever et de l’impératif de résilience et donc de solidarité
- Booster la démocratie locale
- Créer les conditions d’un débat démocratique : écouter l’autre, empathie, savoir s’informer, faire des concessions, argumenter avec sincérité)
- Mettre en place une ingénierie démocratique :
- Ric et référendum local
- Conseil citoyen
- Clubs thématiques
Cette ingénierie sociale et démocratique (Agorapolis) existe déjà. Elle permettrait aux élus locaux et à leurs habitants de se construire un avenir collectif plus désirable.