La démocratie représentative à la française est en crise


Vincent Tiberj Politiste, professeur des universités à Sciences Po Bordeaux
Déjà écornée, la participation électorale a pris un sérieux coup avec la pandémie, les derniers scrutins atteignant des taux d’abstention records. L’acte de vote est-il une espèce en danger ?
A l’approche de la présidentielle, un groupe de politistes met cet enjeu en perspectives dans l’ouvrage collectif Extinction de vote ? (PUF, La vie des idées, 2022), codirigé par Tristan Haute et Vincent Tiberj. Selon ce dernier, professeur des universités à Sciences Po Bordeaux, on assiste à un changement générationnel de culture politique. La démocratie représentative à la française est en crise et n’en sortira qu’à condition de ne plus circonscrire le vote à l’élection de personnes.
De plus en plus de Françaises et de Français deviennent-ils abstentionnistes ?
Vincent Tiberj : Au début de la Ve République, les gens participaient beaucoup, quelle que soit l’élection, mis à part les cantonales, ou répondaient à la question s’il s’agissait d’un référendum. Puis, au fil des années, le vote a perdu ce caractère d’automaticité.
Hormis le sursaut de participations aux européennes de 2019, les derniers scrutins donnent l’impression d’une progression de l’abstention systématique, à savoir que de plus en plus de personnes ont cessé de voter.