Pour mettre fin à la pauvreté. Enfin !

De plus en plus de français (et d’étrangers d’ici et d’ailleurs) souffrent de la pauvreté ou s’en approchent dangereusement (étudiants, travailleurs pauvres, solos ubérisés, chômeurs, « bénéficiaires » du RSA).
L’enjeu est de taille car le désespoir mène inexorablement au pire (révoltes, émeutes, violences, vote de la haine). Face à ce risque d’explosion sociale, la plupart des politiques trahissent actuellement des inquiétudes et s’intéressent enfin à la question de la pauvreté et du pouvoir d’achat.
Car ne l’oublions pas. La pauvreté est le cancer de la cohésion sociale alors que les nations et leurs territoires de proximité doivent pouvoir compter sur l’effort de tous pour affronter les défis actuels et à venir (notamment climatique).
Définition et dimensionnement du concept.
Définition : Il n’existe pas de définition totalement consensuelle mais on peut avancer sans prendre beaucoup de risques qu’Être pauvre, c’est ne pas disposer des moyens nécessaires à une qualité de vie jugée minimale.
Selon l’Insee, en 2019 la France métropolitaine comptait 9,2 millions de pauvres, c’est-à-dire qui vivent avec moins de 1 100 euros par mois pour une personne seule et 2 310 euros pour un couple avec deux enfants. Ce qui représentait 14,6 % de la population.
Le concept de pauvreté comporte aux moins 2 dimensions : Une dimension objective (économique) et une dimension psychologique ou ressentie (se sentir exclu de la société, assisté, inutile, trop fragile pour tenir debout tout seul, ..)
Toute solution au problème de la pauvreté se doit donc d’adresser ces 2 dimensions.
Lutter contre pauvreté objective consiste ainsi à redonner du pouvoir d’achat et remédier à la pauvreté ressentie suppose de sortir de l’exclusion et de l’assistanat ceux qui doivent retrouver une place d’Acteur dans la société (pour peut-être un jour, retourner voter).
La problématique est donc la suivante : Comment redonner du pouvoir d’achat sans tomber dans le piège de l’assistanat ?
Mais au fait, redonner du pouvoir d’achat pour satisfaire quels besoins ?
Cliniquement, il s’agit de permettre aux individus de satisfaire quelques besoins essentiels :
- Se nourrir
- Se loger
- S’habiller
- S’équiper
- Se soigner
- ..
Que peut faire une collectivité locale en matière de lutte contre la pauvreté sans attendre un changement radical de politique à l’échelle nationale ou européenne ?
La solution mécanique et possiblement futuriste serait de verser un revenu à tout (revenu universel) ou partie (revenu de subsistance pour les plus démunis) des habitants. Mais, en l’état actuel du rapport des forces économiques, la mise en place d’un revenu universel local semble impraticable.
En revanche, voici 3 axes de solutions à la portée des collectivités locales mais qu’à ce jour, elles ne pratiquent pas suffisamment :
- Booster la création d’activités/emplois de proximité utiles à la communauté et justement rémunérés
- Faciliter l’échange et la mutualisation de biens et de services au sein de la communauté locale
- Encourager la sobriété et la consommation éclairée
Détaillons les solutions correspondant à ces 3 axes de travail :
1°) Faciliter la création d’activités/emplois de proximité utiles à la communauté
Voici les étapes du processus qui pourrait être piloté par les collectivités locales :
- Mobiliser la population (via son conseil citoyen et l’ensemble des acteurs locaux) pour recenser/définir les activités/services manquants (carte des vulnérabilités locales)
- Hiérarchiser ces activités/services en fonction de leur contribution à l’intérêt général et leur effet multiplicateur (en termes d’emplois et de création de richesses)
- Proposer aux habitants d’exercer ces activités ou d’occuper ces emplois (à temps plein ou partiel)
- Pour rémunérer ces contributions, combiner plusieurs dispositifs :
- Apporter un soutien financier (caution solidaire, subventions) dans le cas de création d’activités (entreprises, commerces ou associations)
- Mobiliser du financement participatif en faisant appel au habitants actuels ou à la diaspora (anciens habitants, familles, ..)
- Déployer une monnaie locale (en intercommunalités si possible) afin de s’assurer que la création de richesses contribuera complètement au développement local
- Prendre en charge une partie des salaires (en euros mais aussi en monnaie locale)
2°) Faciliter l’échange et la mutualisation de biens et de services au sein de la communauté
- Mettre en place une plateforme d’échange de services et de mutualisation
- Ouvrir une centrale d’achat qui permettrait des achats groupés (d’énergie, de fournitures, … ) avantageux au bénéfice des habitants.
- Faire appel aux dons d’entreprises ; invitées à faire des dons en nature à la centrale d’achat ou à lui ouvrir une ligne de crédit
Principes de fonctionnement de la plateforme d’échange et de mutualisation
- Tous les habitants sont invités à indiquer sur la plateforme la ou les compétences qu’ils sont disposés à mettre à la disposition des autres utilisateurs ; le ou les biens qu’ils sont prêts à prêter, donner, partager.
- En contrepartie de quoi, soit ils optent pour un échange simultané de service (ex : « j’échange une heure de cours de français contre une table de cuisine) soit ils reçoivent un certain nombre de points qui leur permettent d’acquérir quand ils le souhaitent un bien ou un service proposé sur la plateforme. Dans ce cas, il s’agit d’un échange non simultané.
- La plateforme Home exchange (appliqué à l’échange de logements) constitue une bonne source d’inspiration
3°) Encourager la sobriété et la consommation éclairées
Il est troublant de constater que de nombreuses personnes peuvent à la fois se retrouver dans l’impossibilité de payer leur facture d’électricité et en même temps cumuler 2 ou 3 abonnements téléphoniques.
Ceux qui ont déjà participé à des commissions de surendettement organisées par la Banque de France peuvent en témoigner.
Ces exemples loin d’être isolés démontrent la nécessité de prendre du recul par rapport à nos pratiques de consommation car nous ne sommes pas tous égaux face au matraquage publicitaire. Certains résistent à l’injonction « consomme pour exister » et d’autres pas.
Il s’agit donc -en s’appuyant notamment sur le tissu associatif et des actions de communication- d’amener les habitants (et pas que les pauvres) à prendre du recul par rapport à leurs pratiques de consommation. De toute façon, la lutte contre le réchauffement climatique nous imposera de faire preuve de plus de sobriété.
Les bénéfices attendus des 3 axes de solutions que nous proposons :
- Développement de la résilience locale (renforcement de l’autonomie et de la solidarité)
- Sortie de la pauvreté objective et ressentie d’une partie de la population
- Amélioration de la qualité de vie en boostant la création d’activité utiles au plus grand nombre
- Émancipation des habitants de l’injonction (« consomme pour exister »)
Pour conclure et compléter, insistons sur la nécessité de mettre en place une politique de formation locale permettant de mettre en adéquation les besoins d’emplois/activités utiles et les compétences des habitants.
Good night and good luck