Vous avez dit « intérêt général » ?

Rappel historique

  • L’intérêt général était à l’origine exprimé par un souverain ou par une puissance publique légitimés
  • Le modèle de l’état providence jusque dans les années 80 réservait à l’état la prise en charge des externalités négatives de la croissance économique (ex : protection sociale, droit du travail, ..)
  • Depuis, le libéralisme économique qui a pris l’ascendant conduit à une réduction généralisée de la puissance publique au profit des entreprises et des marchés.
  • L’intérêt général est devenu la réponse curative (défensive) aux effets collatéraux de l’économie de marché. Il s’agit de protéger tous ce(eux) qui sont (est) en danger. Ses instruments sont les associations, l’état et ses collectivités, les fondations d’entreprise.

En somme, nous sommes passés d’une conception offensive de l’intérêt général (l’intérêt supérieur de la nation, de l’humanité) à la défense des intérêts particuliers des populations et des espèces les plus en danger.

Or, appliquer des soins palliatifs (collecter des vêtements pour les plus démunis) ne soigne pas le corps malade (la société) de la pauvreté.

Encore faut-il préciser qu’en France, les associations et les entreprises d’intérêt général sont progressivement économiquement asphyxiées sous l’effet d’une double contrainte :

  • La raréfaction des subventions et la mise en concurrence quasiment systématique qui réduisent leurs marges et capacités d’investissement
  • La concurrence des « privés » qui raflent les activités les plus profitables en s’appuyant sur des business models de plus en plus subtils (ex : la gratuité de façade, le mécanisme de l’endettement et des Auberges de jeunesse)

Dans ce contexte, l’intérêt général est devenu ces dernières années un concept désuet, ringard, une charge, un refuge pour losers aux yeux de la plupart des chefs d’état.

Rapport sur la notion d’intérêt général fondant l’intervention des associations établi par le HCVA le 25 mai 2016

Définition concrète et opérationnelle

L’intérêt général transcende les intérêts particuliers et catégoriels. Il s’exerce « naturellement » dans le cadre de projets et d’activités contribuant à la préservation, le partage et le développement d’un bien commun et concerne donc l’ensemble d’une population (voire de l’humanité).

L’intérêt général est avant tout une profession de foi, un principe directeur qui doit se concrétiser dans une culture du quotidien et non une activité précise (pour ne prendre qu’un exemple, le groupe ORPEA).

Quelques clés de lecture :

  • Le projet ou l’action d’intérêt général vise à satisfaire un besoin essentiel. Il se concentre sur le « faire société » ; approche qui peut amener à dire non à certaines attentes des parties prenantes.
  • Le statut juridique ne constitue pas une garantie d’intérêt général. Des entreprises contribuent discrètement et quotidiennement à l’intérêt général là où certaines associations ou SEM, ESH, OPH ont perdu le sens de leur action.
  • Profit et intérêt général ne sont pas exclusifs. C’est que tentent de démontrer les entreprises à mission.

A quoi reconnaît-on une activité, un projet d’intérêt général :

  • Contribue à préserver la planète et le vivant (pollution, bio diversité, empreinte carbone)
  • Améliore la qualité de vie du plus grand nombre (dont les plus fragilisés)
  • Répond à des besoins essentiels (vitaux)

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