Cherche élus locaux à toute épreuve !

Compte tenu des évolutions à venir, le profil de l’élu local est appelé à évoluer rapidement et fondamentalement. Exit les grands architectes les bras chargés de promesses et de projets. Bienvenu aux élus visionnaires et catalyseurs d’énergies !

Le constat : En l’absence même d’un big collapse précipité par une nouvelle pandémie, un krach financier ou un conflit international (en mer de chine, au proche orient ou en Europe), on peut pronostiquer que les prochaines années se traduiront par :

  • Une augmentation des conflits sociaux sur des sujets variés : Lutte contre le dérèglement climatique, les injustices, l’atteinte aux libertés, la défense des minorités, etc
  • Une augmentation de la pauvreté et de la précarité : Étudiants, agriculteurs, gilets pauvres, ..
  • Un durcissement démocratique et un régime de plus en plus autoritaire et centralisateur
  • Une dégradation des services publics et de la protection sociale ; un gouvernement ne pouvant pas « en même temps » défendre les « super profits », augmenter les budgets militaires et régaliens et simultanément investir massivement dans l’hôpital, l’éducation, le logement ; secourir les plus faibles et la planète

Bien sûr, cette promesse d’affaissement ne serait pas une fatalité si la priorité était donnée à une politique radicalement réorientée.

Malheureusement d’ici 2027, le programme qui s’annonce est bien peu réjouissant : Une surenchère de novlangue pour tenter de cacher une absence de vision stratégique.

Le port de l’uniforme à l’école ou la lutte implacable contre les « parasites » (chômeurs, émigrés, insoumis, écologistes, ..) ne réduiront pas l’empreinte carbone du pays, sa désindustrialisation, son déficit commercial, la détresse des agriculteurs, la paupérisation des services publics ou la montée du ressentiment envers les élites ….

Aussi, les élus locaux se retrouvent déjà en première ligne et seuls pour traiter de nombreux défis :

  • Un défi financier :
    • Faire plus et mieux avec moins
    • Procéder à de déchirants arbitrages entre projets, entre dépenses
    • Améliorer la productivité et l’agilité organisationnelle des services de la collectivité
    • Trouver de nouvelles sources de financement
  • Un défi social
    • Retisser le lien social et booster le vivre ensemble
    • Mobiliser l’intelligence collective
  • Un défi stratégique : développer la résilience
    • Relocaliser et gagner en autonomie (notamment énergétique et alimentaire)
    • Développer la solidarité, l’entraide
    • Faire le choix d’une croissance sélective
  • Un défi écologique :
    • Prévenir le risque d’accident climatique et adapter les comportements en conséquence
    • Réussir la transition écologique en accompagnant les secteurs les plus impactés : Agriculture, transports, industrie, BTP, ..
    • Réduire l’empreinte carbone du territoire (en misant notamment sur la sobriété)

Cela fait beaucoup sur les épaules d’édiles locaux non préparés à affronter de telles complexités. La plupart n’ont pas signé pour endosser la mission d’Hercule.

Cette grande difficulté à faire face à ces défis explique en partie le découragement de certains d’entre eux et la montée de l’abstention de la part du corps électoral ; témoin de cette impuissance.

Près de 4 000 élus démissionnaires depuis le début du mandat en 2020 selon le président de l’AMF. Avril 2023

Et pourtant, beaucoup pourrait être fait pour construire un monde porteur d’avenir à l’échelle locale si les élus locaux décidaient de changer de posture et d’habitudes.

Attachons-nous donc à décrire le portrait de l’élu porteur d’avenir.

Les qualités porteuses

  • Une vision stratégique cohérente des défis à relever et d’un développement porteur d’avenir.

Nombre de nos concitoyens sont désorientés et angoissés face à l’accumulation de ce qu’ils considèrent comme des menaces (climat, paupérisation, émigration, .. ). Certains sombrent dans la phobie ou la violence ; d’autres dans le repli sur soi et l’abstention. Le premier courant politique ayant pour nom « Ressentiment ».

Seule une vision, une grille de lecture transcendante -à la fois porteuse de sens et désirable aux yeux des citoyens- permettrait de sublimer ces pulsions mortifères et de stopper cette tectonique des foules. La quête de résilience locale pourrait incarner cette boussole, cette trajectoire porteuse de sens qui permettrait de fédérer positivement les énergies. Rappelons que la résilience s’appuie sur 4 priorités absolues : la solidarité et l’entraide, la sobriété, l’autonomie, la préservation et le développement du bien-être. Qui ne signerait pas pour un tel programme ?!

  • L’incarnation d’un esprit d’équipe, d’un collectif.

Comment faire maison commune avec tous ceux qui n’ont pas voté pour moi (opposants ou abstentionnistes) devrait être le leitmotiv dès le lendemain des élections et tout au long du mandat. Être élu avec 60 % de la moitié du corps électoral (sans compter tous ceux qui n’ont pas le droit de vote) n’est absolument pas satisfaisant. Il s’agit d’aller à l’écoute des opposants et des silencieux, de dépasser les postures de principe et de réconcilier les points de vue autour de débats authentiquement démocratiques. Les outils et méthodes existent en la matière.

Dans le même ordre d’idée, l’élu porteur d’avenir s’appuiera sur un management extrêmement participatif, synonyme d’écoute, de délégation et de confiance réciproque. Par exemple, les élus devraient ouvrir leur agenda à leurs collaborateurs les plus proches et leur permettre de décider de leur participation à différentes réunions. L’exemple peut paraître trivial et pourtant il symbolise à merveille cet esprit d’équipe et de confiance.

  • Un élu courageux qui parle vrai et responsabilise.

On le sait déjà, les prochaines années seront extrêmement compliquées dans un contexte environnemental terriblement instable. Les Français dans leur ensemble sont suffisamment adultes pour entendre la vérité la plus crue. Rappelons-nous du discours de Winston Churchill prononcé le 13 mai 1940 devant la chambre des communes. On se souvient de  » Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur » mais on aurait tort d’oublié l’espoir qu’il pointe au bout de son discours : « Vous me demandez quel est notre but. Je vous réponds en deux mots : la victoire, la victoire à tout prix, la victoire malgré toutes les terreurs, la victoire quelque longue et dure que puisse être la route : car, hors la victoire, il n’est point de survie ». Il suffirait aux élus de remplacer « victoire » par « vivre ensemble dans la solidarité, la sobriété et l’autonomie » pour libérer des trésors d’énergie et de résilience.

Les habitants peuvent accepter que leur élu ne puisse pas tout. Par contre, celui-ci doit s’engager sur l’essentiel ; à savoir préserver la cohésion sociale fondée sur des valeurs trop souvent galvaudées : Liberté, égalité, fraternité

  • Une posture de coach qui libère les énergies et booste l’intelligence collective

Une posture de coach de territoire

Fondamentalement, il s’agit pour l’élu de mettre en capabilité les habitants et les acteurs locaux. Ne plus leur dire, « j’y réfléchis, j’ai la réponse/je m’en occupe » mais « que proposez-vous ?» ou « J’en suis certain, vous trouverez la réponse »

Voici plus en détail la concrétisation en actes de cette posture :

  • Stimuler les initiatives, responsabiliser les habitants
  • Fournir les ressources, « armer » les acteurs locaux
  • Garantir le respect de règles du jeu démocratiques. L’élu coach s’interdit de programmer l’avenir de son territoire ; synonyme d’asphyxie de l’intelligence collective. Sa priorité est au contraire d’apporter de l’oxygène au tissu local et de libérer les initiatives. Il s’attache donc à mettre en place l’ingénierie nécessaire à cette démocratisation de la décision locale. Dans ce sens, il n’oublie pas de garantir le respect d’un certain nombre de règles démocratiques au sein des débats : écoute active, objectivité, argumentation, concession, …
  • Valoriser – mettre en avant les initiatives des habitants et des acteurs locaux
  • Incarner et promouvoir des valeurs, des principes d’action qui mobilisent et fédèrent. L’élu coach est conscient du risque de cacophonie décisionnelle et de forces centrifuges. Aussi prend il le soin d’exprimer et de faire respecter quelques règles de jeu (transparence, concertation), de priorités (intérêt général) et de repères (la boussole de la résilience) permettant de garantir cohérence et cohésion

Sa stratégie – son agenda

L’emploi du temps d’un individu nous apprend beaucoup sur la réalité de ses priorités. Alors, quel devrait être le quotidien de l’élu local ?

  • Communiquer une vision stratégique et des valeurs porteuses d’avenir en s’appuyant sur une communication virale portée par les acteurs locaux (notamment le tissu associatif). L’enjeu est de susciter une participation massive des habitants au(x) projet(s) du territoire. Inaugurations, vœux, réunions publiques, conseils municipaux, … sont autant d’occasion pour l’élu de communiquer sa vision (la résilience en tant que boussole et trajectoire porteuse de sens) et sa détermination à la réaliser quelque soit les obstacles. Convaincre, toujours convaincre, stimuler, inciter à l’engagement.
  • Mettre en place et faire vivre une gouvernance partagée du territoire
    • Constituer et développer sa dream team, l’écosystème local. Lui revient d’entretenir et développer l’esprit d’équipe au sein de son administration et de son conseil municipal. De même, il doit s’assurer que les entreprises locales ne se contentent pas de cohabiter comme c’est souvent le cas mais qu’elles mutualisent, partagent leurs ressources (informatique, R&D, ..) et leurs actions
    • Associer massivement la population aux projets et décisions locales les plus critiques
    • S’assurer du déploiement d’outils de démocratie locale : référendum, convention citoyenne, RIC local, civic tech.
    • En résumé, déléguer, déléguer et encore déléguer
  • Faciliter et promouvoir/diffuser les initiatives des acteurs locaux et des habitants

Les pièges à éviter

Tel Ulysse, l’élu doit apprendre à résister aux charmes des sirènes. Autant de pièges et de combats qui le détourne de sa quête de résultats. Voici les tentations les plus piégeantes :

  • Défendre/Porter un programme détaillé d’engagements et de projets et cela pour au moins 2 raisons :
    • Crise financière de 2008, Pandémie de 2020-2021, guerre en Ukraine, ….  Nous entrons dans une période de plus en plus instable et incertaine et cela sur tous les plans. Les territoires doivent se faire roseau ; c’est-à-dire agiles et résilients. Aussi, les élus doivent arrêter de s’engager sur des programmes suspendus au bon vouloir de l’environnement. Beaucoup peut être fait en matière de souveraineté, de sobriété, d’entraide et de développement économique sans grands programmes structurants
    • Les décisions technocratiques et qui tombent d’en haut sont de plus en plus mal accepté par les Français qui souhaitent être associés aux décisions qui les concernent. Il suffit de noter la montée des conflictualités et des recours autour des projets
  • Être omni présent ; incarner l’homme-orchestre de tous les combats et de toutes les décisions.  Souvent animés de bonnes intentions, nombre d’élus locaux cumulent trop de fonctions ou mandats : Président d’EPL, d’OPH, d’associations, membres de conseils d’administrations, … Si « trop embrasse, mal étreint », les élus devraient laisser davantage de places aux autres acteurs locaux pour se concentrer leur énergie et agenda sur les 3 priorités évoquées précédemment
  • Se faire pompier ou père noël. Un mandat local est chronophage, voire épuisant pour l’élu qui ne sait pas dire « non ». Dès le début de son mandat, celui-ci doit mettre en place le système de délégation lui permettant de ne pas être de permanence 24h sur 24.
  • S’en remettre à la générosité des autres (l’État, la région ou la communauté européenne). Nous rencontrons souvent des élus qui se plaignent. «Si seulement, on nous donnait de l’argent, ce n’est pas les projets qui manquent ». Oui mais voilà, il ne pleuvra pas de roubles dans les prochaines années et il existe d’autres moyens à investiguer pour financer le développement local : Financement participatif, monnaies locales, mécénats,.. « Aide toi et le ciel t’aidera » constitue un mantra d’avenir
  • Représenter un camp, privilégier l’intérêt d’une partie de la population. Dès sa désignation, l’élu local doit élargir sa base d’alliés et de soutiens quitte à justifier le renoncement à certaines promesses trop partisanes. Raison de plus d’ailleurs pour ne pas s’engager sur un programme trop détaillé.

Le découragement gagne de plus en plus élus locaux et le phénomène risque de se généraliser tant les menaces s’accumulent faute d’être traitées à l’échelle européenne et/ou nationale.

Une seule solution face à cette montée de la complexité et des pressions : Changer de posture et développer de nouvelles compétences.

Place à l’élu visionnaire et catalyseur d’énergie !

Lire « Recréer du lien social, de la convivialité de proximité« 

Good night and good luck

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