Les petits cailloux

Lutte contre le réchauffement climatique, relocalisation d’activités, démocratie plus inclusive, solidarité, ..

.. Petites ou grandes, les initiatives locales en matière de résilience se multiplient.

Tous ces Petits cailloux sont souvent largement reproductibles d’un territoire à l’autre. En tout cas, ils constituent autant de sources d’inspiration et d’intelligence collective.

Alors, une projet, une réalisation à partager ? Choisissez l’un des thèmes suivants pour en témoignez !

Pour relever les défis actuels (notamment climatiques et économiques), les territoires vont devoir miser à plein sur l’intelligence collective et donc enrichir leur ingénierie et instances de démocratie locale….

Alors, une projet, une réalisation à partager ? Utilisez la zone de commentaires pour nous en parler. Idéalement, collez un hyperlien qui pointe vers cette initiative.

(Pour mettre fin au dérèglement démocratique)

Pérou, Iran, Proche orient, Turquie, Tunisie, Royaume uni, France,.. La colère gronde et se répand.

De plus en plus de pays sont pris dans la tourmente sociale… la Chine devant pour beaucoup son calme relatif à un système répressif bien rodé et à un relâchement opportun de sa doctrine sanitaire.

Un peu partout, des populations qui n’en peuvent plus de se sentir trahies, méprisées, maltraitées, voire martyrisés.

  • « How pandemics lead to economic despair and social unrest » FMI, dec 2020

Où tout cela peut-il nous mener ?

Se joue actuellement une course de fond entre 2 plaques sociales tectoniques :

  • Les « révoltés » qui ne supportent plus cette maltraitance démocratique et écologique, qui considèrent qu’il ne sert à rien de discuter avec les élites dirigeantes et revendiquent l’action musclée pour leur faire entendre raison
  • Les « égoïstes » (et les « psychotés ») prêts à défendre les systèmes en place pour préserver leur intérêt personnel ou en tout cas s’éviter des ennuis

Pour exciter ces 2 groupes, gouvernements et agitateurs de tous poils n’hésitent pas à jouer sur les peurs (le grand remplacement, la chienlit, les black blocs, l’islamo gauchisme, le terrorisme vert, le désordre, ..)

Au milieu de cet affrontement, une majorité d’individus (le marais girondin de 1791 ?) qui n’a toujours pas choisi son camp mais qui est la cible d’une guerre de recrutement à force de communication :

  • D’un côté, les dirigeants qui peuvent s’appuyer sur les médias qu’ils contrôlent (directement ou via quelques milliardaires « friends») pour stigmatiser, ridiculiser et diaboliser les oppositions
  • De l’autre, les contestataires qui s’appuient sur les réseaux sociaux et leur voisinage immédiat

Dans nombre de pays, il suffit d’une allumette (violence policière, tremblement de terre, canicule, la réforme de trop) pour que la société s’enflamme.

Devant nous donc, la menace d’une valse à deux temps :

  • Dans un premier temps, la montée des conflits avec le risque de paralysie institutionnelle et économique encore une fois sur un fond d’urgence climatique.
  • Puis, face à la montée du chaos mais surtout pour se maintenir en place et mater les oppositions, les gouvernements les moins suspects d’autoritarisme risquent d’opter pour un durcissement démocratique (censure des médias, répression, limitation du droit de grève et du droit d’expression, surveillance et traçabilité permanente des comportements, arrestations préventives.. ). Certains n’hésitent déjà pas à sur-jouer la menace d’agression externe (invasion migratoire, guerre, pandémie,..) pour faire taire les oppositions. Le régime russe a pris le plus d’avance en la matière.

Les contours d’un régime porteur d’avenir

Pour nous éviter le cauchemar de « 1984 » (ouvrage visionnaire de George Orwell), il est urgent de revitaliser nos démocraties et le dialogue social.

En France, les pistes ne manquent pas :

  • Changer ou modifier la constitution afin de dé présidentialiser
  • Mettre en place une forte dose de proportionnelle et de parlementarisme
  • Mettre en place le RIC et ne pas avoir peur d’organiser des référendums précédés de débats citoyens authentiques et éclairés
  • Mettre en place des chambres citoyennes (ou conseils citoyens) pour inspirer et stimuler les institutions et les politiques publiques
  • Renforcer l’effort de décentralisation
  • Instaurer le droit de vote à 16 ans
  • Rendre le vote obligatoire
  • Opter pour la technique du vote pondéré
  • Prendre en compte le vote blanc
  • Permettre le vote électronique à distance
  • Regrouper les scrutins électoraux

En attendant Godot (une pensée reconnaissante pour Samuel Beckett) : Les monarques s’accrochant jusqu’au bout au pouvoir (n’est pas De gaulle qui veut), on peut considérer qu’à l’échelle nationale, le virage démocratique (et écologique) n’aura pas lieu d’ici 2027

Et pourtant, à part quelques démiurges qui rêvent de se propulser sur mars (grand bien leur fasse), nous -gens du commun- ne pouvons pas rester passifs face à cette crise démocratique et écologique.

Alors, que peut-on faire à l’échelle locale sans attendre 2027 ?

Sachant que :

  • Les défis climatiques et démocratiques sont intimement liés et ne peuvent être traités séparément (à moins d’opter pour une dictature verte
  • Les initiatives individuelles (type colibris) ne suffiront pas à relever ce double défi
  • Notre président freine (*) plus qu’il n’encourage les progrès en ces domaines et que les institutions semblent paralysées.

(*) Le grand débat monologué, la convention citoyenne pour le climat, l’usage immodéré du 49.3 et des procédures accélérées, l’aversion pour le RIC et le référendum, la stigmatisation des Amish, des gaulois réfractaires, ..

C’est à l’échelle des collectivités locales qu’il est utile et urgent d’agir.

A ce titre, rappelons que les élus locaux sont dans leur immense majorité des femmes et des hommes de la vraie vie (pas de jets privés, d’amis milliardaires, d’experts en communication,…). Au quotidien et en tant que citoyens, ils peuvent témoigner de l’impact de politiques publiques hors sol et déshumanisées.

Que peuvent faire les collectivités locales ?

Déployer une ingénierie sociale et démocratique permettant d’engager leur territoire sur une trajectoire porteuse de sens face aux périls à venir.

Avec deux objectifs complémentaires :

  • Rétablir la communication, retisser le lien social
    • Créer, mettre en place des espaces de rencontre. Les tiers-lieux pourraient proposer davantage de débats thématiques à partir d’un ouvrage, d’un témoignage, d’un film, d’un évènement, .. Autant d’opportunités pour favoriser le dialogue dans une ambiance apaisante
    • Faire la fête, organiser des évènements de pure convivialité. Cela peut sembler ridicule mais le festif permet souvent de rapprocher
    • Libérer la parole (le pire pour la santé étant de ruminer ses griefs, mettre des mots sur ce que nous vivons)
    • Ramener à l’essentiel, au vital, à l’existentiel Ces cinquante dernières années, tout a été fait pour nous éviter de penser en dehors du bocal consommateur. Il s’agit de passer du “Travaille, consomme et tais toi” au “respire, pense et propose”
    • Apporter une vision globale et finalisée des défis à relever et de l’impératif de résilience et donc de solidarité
  • Booster la démocratie locale
    • Créer les conditions d’un débat démocratique : écouter l’autre, empathie, savoir s’informer, faire des concessions, argumenter avec sincérité)
    • Mettre en place une ingénierie démocratique :
    • Ric et référendum local
    • Conseil citoyen
    • Clubs thématiques

Cette ingénierie sociale et démocratique (Agorapolis) existe déjà. Elle permettrait aux élus locaux et à leurs habitants de se construire un avenir collectif plus désirable.

La désobéissance civile est le refus assumé et public de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent, tout en faisant de ce refus une arme de combat pacifique.

La désobéissance est par nature une action collective organisée, mais elle peut être initiée par le sursaut moral et le courage d’un individu qui finit par mobiliser un courant plus large.

Gandhi en Inde, Martin Luther King aux États-Unis, Mandela en Afrique du Sud en sont les incarnations les plus célèbres.

Commentaire : « Hors la loi et pourtant porteurs d’avenir ». Philosophiquement les actes de désobéissance civil ne devraient pas être considérés comme une menace pour les démocraties abouties mais au contraire comme un moyen souvent salvateur de questionner collectivement et pacifiquement l’adaptation de nos choix de société à chaque moment de notre histoire. Bien sûr, les suffragettes auraient préféré s’épargner des années de lutte mais n’oublions pas que les normes sociales une fois établies ont la peau dure.

La désobéissance civile ayant pour but l’abrogation pacifique d’une règle, elle a besoin d’être jugée pour exister et s’imposer comme nouvelle norme. Il lui faut donc dans un premier temps, attirer l’attention des médias et des pouvoirs publics mais surtout susciter le soutien d’un maximum de citoyens pour faire pression. D’où une surenchère d’happenings et d’actions coup de poing qui peuvent s’avérer contre-productifs aux yeux de la population.

D’une manière générale, le principe de désobéissance civile pose au moins 2 questions fondamentales :

  • La raison éthique est-elle légitime pour s’imposer au droit ordinaire et réciproquement ? Y a-t-il hiérarchie entre les 2 principes ? Pour rester dans l’actualité, est-il plus grave de taguer un monument en toute illégalité ou de polluer un éco système en toute légalité ?
  • Autre question : A l’instar de la consommation de stupéfiants, la frontière entre désobéissance douce (pacifique) et dure (dégradation de biens) est ténue. La fin justifie-t-elle les moyens si le combat est juste ? Jusqu’où aller face à un État et des intérêts privés perçus comme autistes ?

Nul ne connaît les réponses ni comment évolueront les démonstrations de désobéissance civile mais on peut parier que ces actes vont se multiplier en l’absence de dialogue social et d’une vision partagée de ce qui constituerait les fondements d’un monde porteur d’avenir.

Vous avez dit Upcycling ?

L’upcycling (ou surcyclage revalorisant) consiste à récupérer des matériaux ou des produits dont on n’a plus l’usage afin de les transformer en matériaux ou produits de qualité ou d’utilité supérieure. Il s’agit donc d’un recyclage « par le haut ».

S’ils relèvent tout deux du domaine de l’économie circulaire, surcyclage et recyclage ne doivent pas être confondus. Le recyclage implique un processus de transformation qui inclut la plupart du temps une dépense en énergie et/ou en eau alors que l’upcycling ne transforme pas les objets chimiquement. Les matériaux ou produits qui ne sont plus utilisés sont récupérés dans leur intégralité, afin de les revaloriser tels quels.

Apports de l’Upcycling :

  • Réduction de l’empreinte carbone
  • Stimulation de l’ingéniosité (invitation à réfléchir, à concevoir et à réaliser un produit avec les « moyens du bord »)

Jusqu’à présent cantonné pour l’essentiel aux productions en petites séries (la haute couture et le design), les applications industrielles commencent à émerger : vieux bateaux transformés en logements, briques en textile usagé pour la construction et l’ameublement, fabrication de meubles à partir de déchets de chantier, …

Phénomène très encourageant. A suivre et à soutenir

Lors des dernières élections municipales, un nombre conséquent d’élus locaux ne s’étaient pas représentés. Crise de la vocation sans doute due (tel Sisyphe) au sentiment d’épuisement vain : tracassements administratifs, entraves juridiques, sentiment de solitude, agressivité de certains habitants, ..

Depuis la situation du pays ne s’est pas améliorée et -à moins d’un changement radical de politique- risque de se dégrader dans les prochaines années. On peut s’attendre en effet à :

  • Une augmentation de la pauvreté et de la précarité
  • Une montée des tensions sociales et des égoïsmes (sauve qui peut et chacun pour soi)
  • Une paupérisation des services publics et de la protection sociale
  • Une multiplication des accidents climatiques

Alors que faire pour réussir son mandat d’élu local malgré tout ?

Au jeu du « Déconseillé – Recommandé », voici quelques conseils :

Déconseillé : Dans 3 ans, chercher à vendre son bilan aux électeurs en s’appuyant sur une liste de réalisations ou d’efforts entrepris par la collectivité. Peine quasiment perdue car les gens jugent à l’aune de leur vécu quotidien et des réponses apportées à leurs difficultés et attentes concrètes.

Recommandé : Régulièrement au cours de ce mandat (et avant qu’il ne soit trop tard), organiser une enquête indépendante (nous proposons l’instauration d’un baromètre de qualité de vie) permettant aux habitants d’évaluer leur qualité de vie sur les 11 processus de vie (2) et s’appuyer sur la population elle-même pour apporter des solutions aux problèmes rencontrés. Ainsi, les électeurs se déplaceraient pour plébisciter la poursuite de ce processus collectif d’amélioration continue auquel ils participeraient.

Déconseillé : Se représenter en s’appuyant sur un programme et des promesses. Nous entrons dans une période de crise systémique synonyme d’incertitude et d’instabilité. Alors pourquoi s’évertuer à faire des promesses auxquelles plus grand monde ne croit (près de 70 % de taux d’abstention en 2020).

Recommandé : Pas de programme mais une seule promesse. Se porter garant du respect des principes républicains « Liberté, égalité, fraternité » aujourd’hui bien malmenés à l’échelle nationale :

  • Organiser une véritable respiration démocratique permettant d’associer l’ensemble des habitants à la gouvernance du territoire
  • Défendre les libertés individuelles, incarner l’esprit de tolérance et de convivialité
  • Protéger les biens communs (eau, air, foncier, espace public, services publics, …) de toutes les formes de prédation

Comment concrètement mettre à profit 2023 ?

Les débuts d’année riment traditionnellement avec vœux et bonnes résolutions. Alors espérons que les élus locaux mettent à profit cette année déterminante pour engager résolument leur territoire sur la voie de la résilience.

5 moments forts proposés aux élus locaux pour 2023

Convaincre son conseil municipal (y compris l’opposition) d’affirmer comme priorité absolue du territoire la recherche de résilience. Il s’agit de se donner les moyens de :

  • La neutralité carbone
  • L’autonomie locale (alimentaire, énergétique, industrielle, sanitaire, recours privilégié aux ressources locales ..)
  • La mobilisation massive de la population au sein d’instances de démocratie locale
  • L’amélioration de la qualité de vie du plus grand nombre (et d’abord des plus en difficulté) en misant sur la solidarité et le partage

Sur chacune de ses priorités, se fixer des objectifs ambitieux mais réalistes.

Pour être certain d’en finir avec le greenwashing et le citizen washing, choisir avec son conseil municipal un angle d’attaque permettant de concrétiser l’effort de résilience. On distingue 3 angles d’attaque :

  • Petits cailloux. La collectivité s’appuie sur les habitants pour mener à bien un projet modeste mais vertueux, suivi d’autre projets complémentaires et plus ambitieux
  • Grande cause (1). Les habitants sont mobilisés pour concevoir des solutions opérationnelles (type plan d’action) permettant de relever un défi
  • Projet (de territoire) d’ensemble. Les habitants sont invités à prioriser les processus de vie (2) méritant une amélioration, puis à proposer des solutions opérationnelles et des plans d’action

Installer des instances de démocratie inclusive permettant aux habitants de concevoir et proposer les solutions à mettre en œuvre quel que soit l’angle d’attaque retenu. Nous proposons le déploiement d’Agorapolis (ingénierie comprenant conseil citoyen, clubs thématiques et forums ouverts).

S’appuyer sur une communication moderne et percutante pour mobiliser l’essentiel de la population et faire appel à l’intelligence collective au quotidien.

Organiser son agenda d’élu de manière à consacrer l’essentiel de son temps à soutenir les initiatives des collectifs d’acteurs locaux (habitants, entreprises et associations locales). Ce qui nécessitera d’éviter de se perdre en conseils d’administration et en réunions techniques. En univers incertain, les citoyens n’attendent pas (ou plus) d’un élu local qu’il se comporte en :

  • Héro ou sauveur du monde
  • Technicien ou expert de tous les sujets
  • Programmateur ou décideur génial

… Mais en coach de territoire, en facilitateur social qui :

  • Apporte une vision globale et finalisée de la marche du monde et des défis à relever
  • Stimule, encourage et régule la démocratie et l’intelligence collective permettant de relever ces défis

Good night and good luck

(1) Les grandes causes du développement résilient

  • La recherche d’autonomie (alimentaire, énergétique, sanitaire, monétaire, ..) et la relocalisation des activités essentielles
  • La prévention collective des risques exogènes (climatiques, sanitaires, géo politiques, ..)
  • La gestion partagée et apaisée des biens communs (eau, forestier, air, foncier,..)
  • L’effort de neutralité carbone et de sobriété : De la contrainte au choix de société
  • La lutte solidaire contre la pauvreté et la précarité
  • L’organisation locale d’une mobilité douce (pour le porte-monnaie, la planète et la convivialité)

(2) Les processus de vie locale

  • Se nourrir (alimentation)
  • Se loger (logement)
  • Outiller/équiper (industrie et artisanat)
  • Energétiser
  • Sécuriser/Protéger
  • Soigner
  • Eduquer
  • Divertir
  • Rapprocher (transport et communication)
  • Environner
  • Gouverner (démocratie locale)

Un projet, c’est du carbone et de l’argent !

Ainsi, dans un contexte de crise systémique (notamment climatique et économique), il deviendra de plus en plus difficile d’engager un projet structurant (aménagement, immobilier, notamment) pour au moins 3 raisons :

  • Le manque d’argent (le budget des collectivités sera de plus en plus sous pression)
  • L’exigence de réduction de l’empreinte carbone
  • La fragmentation sociale et la montée des tensions (article « La tectonique des foules »)

Dans ce contexte, chaque projet d’envergure doit être le résultat d’un arbitrage éclairé (étude d’opportunité intégrant l’impératif de résilience) et d’un processus de mobilisation de l’intelligence collective qui implique au maximum l’ensemble des parties prenantes.

Avant de lancer le projet, évaluez a priori sa recevabilité climatique et sociale

Pour être recevable climatiquement, un projet devra de plus en plus démontrer sa contribution à la résilience du territoire :

  • Réduction de l’empreinte carbone du territoire (neutralité carbone au minimum)
  • Contribution à l’autonomie locale (alimentaire, énergétique, industrielle, sanitaire, recours aux ressources locales ..)
  • Mobilisation de l’intelligence collective
  • Contribution à l’amélioration de la qualité de vie du plus grand nombre (à l’intérêt général)

L’absence ou le manque de recevabilité climatique expose le projet (et ses promoteurs) au risque de conflit avec tout ou partie des parties prenantes, ou de conflits entre parties prenantes (ex : affrontement entre « les pour » et « les contres » à propos des bassines).

Dans tous les cas, avant de lancer votre projet, réalisez une cartographie des parties prenantes rigoureuse pour identifier les forces en présence et les points de tension potentiels.

Cela ne veut pas dire qu’il faille renoncer à un projet si sa recevabilité sociale est faible dès lors qu’il est porteur de résilience (et donc de sobriété). Mais il faudra dans cette éventualité, adopter une stratégie de conduite du changement adaptée.

Les stratégies de résolution de conflits

Face à un conflit prévisible ou constaté, plusieurs stratégies sont à votre disposition

  • Le compromis : le projet est modifié, aménagé de manière à satisfaire les attentes des différentes prenantes. Celles-ci sont souvent amenées à faire des concessions.
  • La compétition (stratégie gagnant-perdant) : la direction du projet donne raison à une partie des parties prenantes avec le risque de se retrouver en conflit -en tout cas de susciter une opposition- de la part des autres. Cette stratégie peut se justifier dans le cas bien sûr où la raison et le courage ne s’accommodent pas de demi-mesures et de compromis.
  • La sublimation («plutôt que de vous disputez la couleur de la moquette, vous feriez mieux de m’aider à éteindre le feu qui gagne la maison»). Plutôt que de s’engager sur la voie de la négociation et des compromis, la direction du projet s’appuie sur une communication subliminale qui amène les parties prenantes à dépasser leurs égoïsmes et petites guerres locales. Dans ce cas, le projet est présenté en tant que réponse à un défi existentiel, à une situation d’urgence, de manière à ce que leur collaboration et contribution au projet leur apparaissent incontournables. Les intérêts particuliers sont transcendés au profit du bien commun. Pour être efficace, cette stratégie doit supporter un projet objectivement existentiel.
  • Capitulation : la direction du projet renonce au projet, en tout cas dans l’immédiat. Si le projet contribue à la résilience et à l’intérêt général, cette stratégie n’est envisageable que dans le cas où laisser un peu de temps au temps permet aux parties prenantes de prendre conscience de la nécessité du projet (la canicule de l’été dernier aura permis à des millions de français de prendre conscience de l’urgence climatique).

Dans l’ensemble, mieux vaut éviter de capituler. Pour le reste, le déploiement des autres stratégies sera fonction du rapport de force entre les parties prenantes et donc de la cartographie des parties prenantes.

Mobiliser l’intelligence collective – Impliquer les parties prenantes

Une fois convaincu de la légitimité objective de votre projet, reste à élaborer et déployer une stratégie de conduite du changement permettant de susciter l’adhésion d’un maximum de parties prenantes.

Pour chaque partie prenantes, plusieurs possibilités :

  • Black-out. La partie prenante n’est pas même informée du projet. « La caravane passe ». Évidemment, cette stratégie n’est recommandable que dans de rares cas.
  • Information (persuasive). Le projet est « vendu » en l’état à la partie prenante à force de communication et de pédagogie. Attention les gens sont de moins en moins crédules et les slogans du type « cette réforme des retraites est faite pour vous » peuvent générer un sentiment de mépris.
  • Consultation : La partie prenante est invitée à s’exprimer sur le projet, à formuler ses attentes, voire des propositions. La direction du projet se réserve le droit de prendre en compte ou pas l’expression de la partie prenante.
  • Concertation/Négociation/Coproduction : La partie prenante est associée à la conception du projet et à toute ou partie des validations.
  • Délégation : La direction du projet délègue une partie du projet (une fonction, un lot de travaux) à la partie prenante. Par exemple, les futurs occupants d’une résidence disposent d’un budget pour décider de l’aménagement des espaces verts.

Sachant que plus une partie prenante se sent associée au projet, plus elle est susceptible d’y adhérer et de s’approprier sa concrétisation (le ou les livrables, qu’il s’agisse d’un tram-bus, d’un espace vert,..), sauf cas particulier, nous recommandons d’opter pour un processus extrêmement participatif :

  • Organisation d’un évènement de pure convivialité qui mobilise l’ensemble des usagers/bénéficiaires du projet. Cette première étape peut surprendre. Elle est pourtant essentielle car elle permet de :
    • Créer un climat propice au dialogue entre les parties prenantes
    • Susciter un état d’esprit constructif et d’écoute active
    • Favoriser les candidatures au conseil citoyen (ou équivalent) à mettre en place
    • Rapprocher, recréer du lien social au sein de la population
  • Diffusion enquête par questionnaire « Votre perception de l’avenir – Votre qualité de vie » et restitution/discussion publique de ses résultats. Cette enquête permet une prise de conscience partagée de la nécessité d’intelligence collective (donc de solidarité) dans un contexte de crise transformation systémique
  • Constitution et animation d’un Conseil citoyen qui sera mandaté pour concevoir (en s’appuyant sur un éco système d’experts) les fonctionnalités du livrable
  • Si besoin création de cercles thématiques (instances permettant aux habitants d’exprimer leurs attentes, craintes et propositions sur une dimension (une fonction, un sous système) du projet et ainsi d’alimenter la réflexion du Conseil citoyen

Plus de détail sur Agorapolis

En conclusion : Susciter l’adhésion à un projet requière dans un premier temps de s’interroger sur la recevabilité climatique et sociale du projet, puis de se donner les moyens (donc le temps) d’une participation aussi large que possible des parties prenantes au projet.

Good night and good luck.

Les territoires à énergie positive

Le concept de « communauté énergétique locale » apparaît dans les projets de directives européennes de novembre 2016 (dit « Clean Energy Package ») alors que la loi relative à la transition énergétique d’août 2015 a posé le principe du développement de « territoires à énergie positive » et a permis d’organiser, à titre expérimental, sur des portions de réseau, des services locaux de flexibilité et a entendu faciliter le déploiement de réseaux électriques intelligents. Les collectivités territoriales se voient attribuer un rôle plus important dans le choix et la gestion de leur mix énergétique. En 2017, des décrets ont ouvert aux réseaux fermés de distribution et à l’autoconsommation collective la possibilité de se développer.

Alors finalement, de quoi s’agit-il ?

Définition institutionnelle : Les territoires à énergie positive pour la croissance verte, lauréats de l’appel à initiatives du même nom lancé par le ministère de l’environnement en 2014, sont des territoires considérés comme territoires d’excellence de la transition énergétique et écologique.

En l’absence d’indicateurs d’efficacité officiels et afin d’éviter le risque de greenwashing, l’association EdEn propose 4 axes permettant à un territoire qui souhaiterait s’engager sur la voie de la résilience énergétique de pouvoir structurer son action.

  • Les émissions de GES, qui constituent un critère primordial et fédérateur entre les différentes formes d’énergie et entre production et utilisation. Le bilan carbone du territoire doit bien entendu intégrer les siennes propres, mais également celles qu’elles évitent ou occasionnent pour la collectivité au niveau national. Des méthodes existent pour cela qui pourraient être reprises.
  • L’efficacité énergétique, en commençant par celle des bâtiments et en incluant celles des autres installations dès lors que des méthodes d’évaluation sont disponibles, de façon à prendre en compte les synergies à développer pour profiter du foisonnement des usages et synchroniser consommation et production locales.
  • Le ratio d’autosuffisance, avec un critère mesurant à la fois la capacité du territoire à faire face à des incidents de toute nature et son autonomie vis-à-vis du système central. La taille des « cordons ombilicaux » reliant le territoire à son environnement serait en ce sens un bon indicateur. Pour l’électricité, il s’agirait de la puissance garantie souscrite auprès du réseau rapportée à la puissance usuellement nécessaire.
  • La soutenabilité économique pour ses occupants. Ce critère devrait intégrer le coût énergétique complet, le niveau de garantie d’approvisionnement, la qualité du courant…

Plus de précisions sur le site de l’EdEn

2023 : Une année déterminante

(Comment passer l’hiver… et les saisons suivantes ?)

Quitte à finir Cassandre, ayons le courage d’affronter la réalité en face pour mieux agir !

Le monde et la France qui en fait partie sont confrontés à un cocktail dont voici les composants :

  • Un tsunami climatique : Le dérèglement climatique n’est plus une hypothèse mais une réalité universellement observable. Malheureusement, cette prise de conscience arrive bien tard (après des décennies de greenwashing) alors que l’ombre de la vague nous surplombe déjà. Ainsi, quand bien même, l’humanité atteindrait demain la neutralité carbone (ce qui est loin d’être le cas), nous devons -inertie climatique oblige- nous préparer à une multiplication des accidents : canicules, inondations, feux de forêts, ouragans, famines, …. Et pourtant face à la montée du péril et de l’éco anxiété, il faut nous garder de sombrer dans le fatalisme et le chacun pour soi.
  • Une récession économique structurelle : Indépendamment des impacts financiers du réchauffement climatique (coût des réparations, dédommagement des victimes, arrêt des activités les plus écocides qui pèseront lourdement sur les finances publiques), l’économie mondiale après 50 ans de traitement libéral était déjà malade :
    • Complexification kafkaïenne de la mondialisation (ex : le cabillaud péché en mer du nord, transformé en Chine pour être vendu en surgelé à Fécamp)
    • Privatisation/Paupérisation des services publics et des biens communs : transport, énergie, santé, péages,
    • Culte de la réussite économique individuelle et de l’accumulation de richesses au détriment de la solidarité, du partage et de la sobriété
    • Endettement massif des états et des ménages (véritable épée de Damoclès)
    • Ubérisation, précarisation du travail et dumping social
    • Marchandisation de tout et de son contraire en dehors de toute éthique (Winamax : on est là pour gagner !)
    • Explosion des écarts de revenus et des inégalités de traitement
    • Laissez faire législatif des états (optimisation fiscale, concentration du capital et des entreprises, captation des ressources naturelles) au profit des plus argentés et de leurs lobbies
    • Au total une économie de prédation qui -tel un canard sans tête- court après un taux de croissance infini et un plein emploi de bullshits jobs dans une planète aux ressources limitées.
  • A ces deux périls déjà documentés, s’ajoutent d’autres risques :
    • Krach financier : Éclatement des bulles spéculatives (notamment immobilière), effondrement (en cours) des cryptomonnaies, des valeurs technologiques, notamment
    • Nouvelles pandémies possibles du fait de la déforestation et du dégel du permafrost
    • Éclatement de conflits armés : Russie-Otan, États unis-Chine, notamment

Tout ceci sur un fond de fracturation sociale et démocratique

La tectonique des foules.

Depuis 1995, la fracture sociale dénoncée par Jacques Chirac n’a cessé de se creuser et sur à peu près tous les sujets (*), le conflit a remplacé le débat.

(*) L’immigration, le partage de l’eau, la vaccination, la chasse, le nucléaire, la limitation de vitesse

Ainsi, on assiste à la montée des tensions entre les individus encouragés en cela par des profiteurs de crise :

  • Les Révoltés : Ceux qui n’en peuvent plus et risquent d’exploser violemment et/ou de s’affranchir des lois de la république : gilets jaunes, jeunes, agriculteurs, zadistes, indignés, scientist rebellion, …
  • Les Égoïstes : Ceux qui -pour conserver leur emploi et préserver leur cellule familiale- font profil bas et sont prêts à soutenir l’inacceptable : interdiction/répression des manifestations, prolongement infini de l’état d’urgence, expulsion, surveillance et contrôle social resserés, … Ils ne sont pas forcément dupes mais ils laissent faire en pensant échapper aux mailles du filet
  • Les Psychotés : Ceux qui sombrent dans la psychose, dans l’hystérie sanitaire et sécuritaire (« l’autre » est vécu comme un transmetteur de virus ou un terroriste) et exigent toujours plus de mesures barrières
  • Les Fondamentalistes : Ceux qui -consciemment ou non- profitent de la crise pour revendiquer le retour à un ordre ancien (travail-famille-patrie, religion, traditions, autorité musclée, anti IVG, ..)
  • Les Seigneurs : Les quelques privilégiés qui surfent sur les malheurs, les angoisses et les violences. Ils se recrutent parmi les élites politico économiques
  • Les Sages : Ceux qui restent lucides et critiques sur les évènements actuels et à venir

Les tensions à l’œuvre – Les secousses à venir

  • Les Psychotés et les Égoïstes partagent la même peur du désordre, de l’incertitude du changement. Ils adoptent a priori une attitude défensive (auto protectrice)
  • A priori offensifs, les Révoltés et les Sages en appellent à un monde nouveau : plus juste et plus humain :
  • Les uns sont ou seront dans l’action (les jambes)
  • Les autres sont dans le verbe. Ils proposent (la tête)
  • Offensifs et défensifs risquent de s’affronter car leurs aspirations sont a priori antagonistes
  • Les Seigneurs et les Fondamentalistes cherchent à tirer les ficelles, à exploiter les faiblesses des autres. Les Fondamentalistes authentiques sont dans une attitude offensive (attaque du système libéral actuel)

Un gouvernement largement discrédité

Dans ce contexte de montée des périls externes et internes, le pays aurait besoin d’un gouvernement éclairé (porteur d’une vision stratégique) et garant d’une respiration démocratique. Au lieu de cela, les Français doivent se contenter d’un pouvoir qu’ils jugent :

  • Aveugle (aucun projet de société porteur de sens) mais une succession de mesures contracycliques, de promesses non tenues (ex : l’isolation des logements) et de mesurettes (baisser la climatisation d’un degré)
  • Autiste (qui n’écoute pas la rue ni les élus, ni les corps intermédiaires, ni les scientifiques, ni les soignants, ni…)
  • Autoritaire (qui passe en force, réprime et stigmatise)
  • Mal attentionné (qui s’acharne à privilégier l’intérêt des lobbies économiques, des plus fortunés au détriment de la planète et de la population)

Perspectives à très court terme : Le risque d’effondrement social et démocratique

Devant nous 3 scénarios délétères déjà à l’œuvre et qui peuvent se cumuler :

  • L’embrasement (l’explosion sociale)
  • La balkanisation (l’implosion sociale)
  • La dictature (durcissement démocratique)

Description du scénario d’embrasement (l’explosion sociale)

  • La crise économique et climatique ou un évènement symbolique (violence policière, suicide d’un soignant, d’un étudiant,  ..) pousse à l’action les « révoltés » (écologistes de terrain, anticapitalistes, déclassés, salariés, …) suivi par une partie de la population
  • Les Égoïstes et les Psychotés réclament de la fermeté et 0 impunité pour pouvoir aller travailler et promener leurs enfants en toute tranquillité
  • Le gouvernement s’empresse de répondre à cette demande
  • L’engrenage de la violence-répression s’enclenche
  • Les Seigneurs et les Fondamentalistes cherchent à instrumentaliser les forces en présence
  • La suite est à imaginer

Description du scénario de balkanisation (l’implosion sociale)

  • L’inaction du gouvernement (à lutter contre le réchauffement climatique, la pauvreté et l’injustice) pousse une partie de la population à vivre en marge de la société ; c’est-à-dire à se constituer en communautés (ZAD, sectes, Amish, bandes de quartier, ..), à vivre dans la clandestinité et la débrouille. La France périphérique disparaît complètement des radars.
  • Les Souverains exploitent, instrumentalisent et flattent les Égoïstes et les Psychotés
  • Les Fondamentalistes partent à la conquête du pouvoir
  • La suite est à imaginer

Description du scénario de durcissement démocratique (dictature) :

  • Un attentat (ou un fait divers dramatique) pousse notamment les Psychotés et les Égoïstes à manifester leur raz le bol de la « chienlit » et à exiger une extrême fermeté pour pouvoir aller travailler et promener leurs enfants en toute tranquillité
  • Le gouvernement s’empresse de répondre à cette revendication en renforçant les mesures liberticides
  • La suite est à imaginer

L’urgence : Refaire société – Mobiliser l’intelligence collective avant qu’il ne soit trop tard

Toute analogie historique est risquée et pourtant comme en 1789, la distribution de pain (prime Macron, remise à la pompe, .. ) et le déploiement d’artifices démocratiques (grand débat, convention citoyenne pour le climat, Ségur de la santé, ..) ne suffiront pas à calmer la colère accumulée. Les mesurettes ne semblent plus à la mesure de la gravité de la situation climatique, économique, sociale et démocratique. Il est urgent d’opérer un changement radical de gouvernance afin d’éviter le pire.

Il s’agit de refaire société en commençant par faire appel à l’intelligence collective de tous sans exception dans un cadre organisationnel garantissant le débat démocratique (évitons nous la terreur blanche et/ou le retour de la monarchie). Ce cadre doit permettre d’éclairer, de mobiliser et de rapprocher les citoyens.

  • Éclairer-Comprendre. Il s’agit d’éclairer les points de vue en apportant une vision globale (systémique), finalisée (stratégique) et objective (scientifique) des évènements (économiques, technologiques, sociaux, politiques, climatiques…).
  • Rapprocher-Coopérer. Il s’agit de créer les conditions d’un dialogue sincère et constructif entre les acteurs ; de rapprocher et de faciliter la prise de décisions collectives ; de sublimer les égoïsmes et traditionnels clivages.
  • Mobiliser-Agir. Il s’agit de déclencher l’engagement, le passage à l’action en proposant une démarche résolument opérationnelle et motivante.

Principes d’actions : Afin de faire face à toutes les difficultés qui se présentent au pays, il paraît indispensable d’activer deux leviers :

  • Convoquer des « états généraux » pour garantir les droits de l’homme et de la planète.
  • Organiser partout sur le territoire des cercles/ateliers locaux permettant le débat constructif et la recherche action sur tous les thèmes (alimentation, sécurité, mobilité, … )

Ces principes pourraient se concrétiser à toutes les échelles : nationale, régionale, départementale et bien sûr locale (communes et EPCI)

A suivre La posture des élus locaux face au dérèglement mondial.

Vous avez dit “Plein emploi” ?

Dans l’abécédaire du personnel politique (de gauche comme de droite), la promesse de plein emploi (et de création d’emplois) occupe une place privilégiée ; une sorte de graal.

Or, en ce début de récession (subie) ou de décroissance (choisie), il est utile de s’interroger sur la portée symbolique mais surtout économique de cette notion de plein emploi.

La portée symbolique. Ce qui est sous-entendu (en tout cas ce qui est souvent entendus par les électeurs).

Pour prolonger la saillie de Coluche « A la télé ils disent tous les jours : “Y a trois millions de personnes qui veulent du travail.” C’est pas vrai : de l’argent leur suffirait. », rappelons que l’enjeu n’est pas d’occuper les individus mais de leur permettre de vivre dignement de leur travail. Il s’agit donc de s’assurer que cette promesse de plein emploi se traduit effectivement par une réalité sociale et économique. Alors, qu’en est-il vraiment ?

La portée économique. Ce qui est rarement dit mais se constate.

Rappelons qu’un emploi se caractérise par :

  • Sa qualité qui comprend la nature des tâches et des responsabilités proposées mais aussi le sens de ce travail (utilité pour la société et aux yeux de l’intéressé). L’honnêteté impose donc de s’interroger sur la valeur économique de cette multitude de bullshits jobs, d’emplois peu qualifiés ou écocides. Ceci d’autant plus que sobriété oblige, il va nous falloir dans les prochaines années nous concentrer sur les productions/consommations les plus essentielles.
  • Les conditions d’exercice de ce travail. Un emploi pénible (des horaires décalés/fragmentés/imposés, une charge de travail physiquement et/ou mentalement épuisante) ou précaire abime (santé et espérance de vie) l’individu et lui rend difficile au quotidien l’accès au logement, à la culture, à la socialisation d’une manière générale.
  • Le niveau de rémunération. Un travail digne, c’est bien sûr un travail qui rémunère correctement celui qui l’exerce. Or, on observe un grand nombre de travailleurs pauvres (*) ; certaines personnes pouvant aujourd’hui cumuler 2 ou 3 emplois simultanément pour « s’en sortir ».

Ainsi, un plein emploi conquis à force d’emplois précaires, peu qualifiés, mal rémunérés et sans valeur ajoutée sociétale relèverait de la supercherie car le véritable enjeu est d’offrir à tous la possibilité de vivre dignement de son travail.

Encore faudrait-il ajouter sur le plan quantitatif toutes ces personnes sortis des chiffres du chômage (stagiaires, demandeurs d’emplois radiés, travailleurs à temps très partiel et toutes ces personnes découragées de rechercher un emploi) pour constater que nous sommes très loin du plein emploi.

Aujourd’hui, dans une société qui doit faire le choix de la sobriété, le défi est double :

  • Identifier et concentrer l’économie sur des emplois et des activités réellement utiles à la société
  • Concevoir et organiser les conditions de travail et de rémunération permettant à tous d’être pleinement associé à la vie de la cité

Il s’agit d’engager ensemble et sans tabous cette réflexion d’ensemble sur le travail : revenu universel, TZCLD, coopératives et groupements de salariés, partage du travail, …

Compliquée à mettre en œuvre à l’échelle nationale, cette mobilisation de l’intelligence collective prend tout son sens à l’échelle locale.

(*) En 2018, en Occitanie, 20 % des travailleurs retirent de leur activité moins de 1 063 euros par mois. Insee