L’intelligence collective en pratique : Constituer un réseau d’entreprises locales

De toute évidence, les actions individuelles ne suffiront pas à relever les défis contemporains et à venir (ex : réduction de l’empreinte carbone d’un territoire, recherche d’autonomie énergétique). Il s’agit de mobiliser l’ensemble des énergies et intelligences du territoire et donc celles des entreprises locales.

D’importantes économies pourraient être ainsi réalisées si ces entreprises mutualisaient davantage certaines de leurs fonctions (informatique, comptabilité, ..) et si elles partageaient leur effort de R&D pour réduire leur empreinte carbone par exemple.

On peut distinguer deux principales formes de mutualisation :

Le réseau d’alliés

Principe : basé sur le principe de la cooptation, le réseau d’alliés réunit des personnes physiques et/ou morales qui choisissent de mettre en commun leurs ressources sur un thème donné (lutte contre le réchauffement climatique, organisation d’une foire commerciale, création d’une filière alimentaire locale,   ..)

Parties prenantes : il peut s’agir d’une alliance composée d’EPL, d’industriels, d’indépendants, …

Étapes de mise en place :

  • Cooptation des alliés fondateurs (la core team)
  • Définition de la promesse de valeur et rédaction d’une charte d’engagement
  • Définition business model (comment le réseau se finance)
  • Définition de l’organisation et le cas échéant constitution d’une association ou d’un GIE
  • Choix des outils (notamment de communication et de collaboration en ligne)

Risques :

  • Réunionite et inefficacité
  • Masturbation intellectuelle
  • Militantisme sectaire

Le cluster

Principe : Souvent impulsé par la collectivité, le cluster local réunit tout ou partie des acteurs locaux incités à participer collectivement à l’effort de résilience. Dans ce cas, le pilotage et l’organisation revient de préférence à un tiers (cabinet conseil ou équivalent) sur la base d’objectifs programmatiques (mutualisation des fonctions supports, de la R&D, achats groupés, ..)

Parties prenantes potentielles : l’EPCI, les entreprises et associations locales, la préfecture, la CCI, l’agence d’urbanisme

Étapes de mise en place :

  • Choix d’un consultant
  • Cadrage et organisation du cluster (finalité et objectifs, composition du comité de gouvernance et du comité opérationnel, ressources mises à disposition, communication et reporting, règles du jeu, .)
  • Séminaire de lancement/teambuilding) en présence de l’élu local et des membres désignés du cluster
  • Cartographie des fonctions à mutualiser et des achats à grouper
  • Élaboration programme et planning
  • Organisation de la fertilisation croisée au sein du cluster

Risques :

  • Positionnement de la collectivité inadapté (laissez faire ou au contraire interventionnisme)
  • Résistances au changement (rejet et retrait) des acteurs locaux mobilisés

Modalité de cartographie des fonctions à mutualiser :

1° temps : il s’agit pour chaque entreprise sollicitées de positionner l’ensemble de ses fonctions (recrutement, achat, informatique, juridique, …) sur une matrice en évaluant :

Le niveau d’efficacité actuelle de la fonction sur la base la plus objective que possible (ex : aujourd’hui, le niveau d’efficacité de notre processus de recrutement est il élevé, moyen, faible ?

Le caractère stratégique de la fonction (ex : dans les prochaines années, quel sera l’importance de notre processus de recrutement : élevée, moyenne, faible ?)

Puis de décider du sort de chaque fonction/sous fonction support en s’appuyant sur un outil matriciel (voir schéma)

  • Externalisation de la fonction (on achète de la prestation)
  • Mutualisation (des équipements et/ou des effectifs) avec d’autres entreprises
  • Développement (je conserve la fonction en interne et conforte son efficacité)
  • Commercialisation (je détache et facture du personne à d’autres entreprises)
  • Utilisation outil matriciel (fichier « fonctions support »)

2° temps : Au niveau du groupement et pour chaque fonction considérée, il s’agit d’opter pour l’une des modalités suivantes en s’appuyant sur les données communiquées par chaque entreprise :

  • Utilisation d’un Référent interne (Sénior ou Manager) à l’échelle du groupement si la charge de travail est inférieure à 1 ETP et si ce professionnel est disponible et motivé pour cette mission
  • Achat de prestation (commande groupée) si la charge de travail à l’échelle du groupement est inférieure à 1 ETP et si aucun Sénior ou Manager disponible et motivé dans le groupement
  • Recrutement d’un Référent (groupement d’employeurs) si la charge de travail à l’échelle du groupement est supérieure à 1 ETP et si aucun Référent Sénior ou Manager, disponible et/ou motivé dans le groupement

Pour se constituer et se développer, ces clusters locaux (meute d’entreprises qui misent sur les complémentarités et les synergies) ont besoin d’un organisateur, d’un animateur. Les aménageurs pourraient exercer cette mission.

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