Pour manger local, « coopérons entre territoires et réinventons les modèles agricoles »

L’autosuffisance alimentaire n’est « ni réalisable ni souhaitable » à l’échelle de Bordeaux Métropole comme de la Gironde, au risque de concurrencer des territoires agricoles voisins, estime Anna Faucher, directrice et co-fondatrice de Let’s food. Dans un rapport récent sur ce sujet, cette association, qui « accompagne les collectivités françaises et étrangères dans leur transition vers des systèmes alimentaires durables », plaide plutôt pour une stratégie à l’échelle régionale. Elle démontre ainsi que 45% de la surface agricole de la Nouvelle-Aquitaine pourrait nourrir en produits bio l’ensemble de sa population. A condition de remettre à plat des filières et de soutenir l’installation d’agriculteurs avec des modèles plus innovants. Entretien inspirant.
Rue89 Bordeaux : Le département de la Gironde souhaite renforcer sa résilience alimentaire, et Bordeaux Métropole vise un objectif d’autosuffisance alimentaire de 10%, contre moins de 2% aujourd’hui. Ces objectifs sont-ils tenables ?
Anna Faucher : L’objectif de 10% d’autosuffisance que s’était fixé Bordeaux Métropole est plus un cap ou un effet d’annonce qu’une réelle projection chiffrée de ce qu’il est possible. De même, les chiffres d’Utopie donnent juste des ordres de grandeur territorialisés [ce bureau d’études a placé Bordeaux en 53e position des aires urbaines françaises avec un degré d’autonomie de 1,76%, soit 98,24% d’alimentation importée, NDLR]